Midnight Hammer : Quand les empires jouent aux dominos avec le monde

Ils ont encore frappé. Mais cette fois, les acteurs de la tragédie ne se contentent plus de jouer leur rôle : ils réécrivent le script à mesure qu’ils avancent sur scène. Les États-Unis, toujours eux, armés de leurs certitudes et de leurs missiles, ont déclenché une nouvelle frappe contre l’Iran. Nom de l’opération : “Midnight Hammer. Comme si le malheur avait désormais son slogan marketing.

Mais dans cette chorégraphie de la force, chacun joue sa partition. L’Amérique frappe, l’Iran menace, Israël riposte, le Hamas tire, l’Europe s’indigne poliment. La guerre devient symphonie. Tragique, bien sûr, mais rentable.

Ce serait une erreur de nier ce que représente l’Iran : un régime autoritaire, messianique, dont les ayatollahs considèrent la fin des temps non comme une peur, mais comme un programme. Un pays qui, à travers ses proxies, Hezbollah, milices chiites, groupes cyberterroristes, tisse une toile d’instabilité sur toute la région. Un pays qui rêve d’un arc chiite dominant de Téhéran à Beyrouth, et qui transforme ses laboratoires nucléaires en autels sacrés. L’Iran n’est pas seulement un adversaire géopolitique. Il est une menace existentielle pour ses voisins. Et une menace mystique pour lui-même.

Et que dire du Hamas, ce monstre né de l’abandon, mais nourri par la haine ? Il tire ses roquettes depuis des hôpitaux, cache ses tunnels sous les écoles, transforme chaque enfant en bouclier. Ce ne sont pas des combattants. Ce sont des idéologues de la mort, qui rêvent d’un monde sans Israël et d’un peuple sans droit de vivre. Oui, ils tuent des civils. Oui, ils célèbrent le martyre comme d’autres célèbrent la naissance. Leur cause peut être politique, mais leurs méthodes sont celles des barbares.

Mais est-ce une raison pour que le monde retombe dans son coma moral à chaque fois qu’une guerre éclate ? Que les puissants agitent leurs drapeaux, pendant que les peuples creusent des tombes ? Emmanuel Macron a bien sûr réagi : il a « condamné la montée des tensions », appelé à « la désescalade », invoqué « le cadre multilatéral », tout en rappelant que « la France reste attachée à la sécurité d’Israël ». Une partition classique. Diplomatie du balancier. Danse au bord du gouffre. Rien qui ne puisse arrêter une guerre, mais tout pour paraître concerné.

Ce théâtre n’est pas nouveau. Ce qui change, c’est l’ingérence obscène des intérêts privés dans la mécanique d’État. Donald Trump, loin d’être un acteur isolé, n’a pas seulement appuyé sur le bouton rouge. Il a investi dans le chaos. Son gendre Jared Kushner, élevé dans l’ombre bienveillante de Benjamin Netanyahou, a transformé la politique étrangère américaine en portefeuille d’actifs. Des deals immobiliers à Abou Dabi. Des investissements dans la tech israélienne. Des accords secrets avec des fonds souverains du Golfe. La carte du Moyen-Orient redessinée… sur un PowerPoint.

Sous le doux nom poétique d’« Midnight Hammer », Washington a choisi une fois de plus de cogner au lieu de parler, de détruire au lieu d’écouter, de bombarder au lieu de comprendre. Une habitude d’empire vieille comme Rome. Mais derrière les missiles et les déclarations martiales se cache une vérité bien plus obscure, bien plus gênante : cette guerre n’est pas pour la paix, elle est pour le contrôle.

Donald Trump, ce tribun déchu reconverti en messie de l’Amérique profonde, a donc ordonné la frappe. Officiellement, pour “stopper la menace iranienne”, comme on arrête un incendie avec du napalm.

En vérité ? C’est une opération d’apparence brutale mais de précision chirurgicale sur le plan géopolitique : saboter les ambitions régionales de l’Iran, faire plaisir à des alliés encombrants, et surtout… préparer les enchères du chaos. 

Quand Trump aide Israël, il n’aide pas un allié. Il aide un business. Il aide des contrats. Il aide ses donateurs. Il aide sa famille. Le soutien à Israël, dans ce contexte, n’est pas une posture morale : c’est un produit dérivé de l’ambition personnelle. Et pendant que les drones décollent, les portefeuilles gonflent. Le cynisme a trouvé son apogée : la guerre est désormais un capital politique.

Ce que les chaînes d’infos ne diront pas :

  1. Israël n’est pas l’allié de Trump, c’est son actionnaire.
    Jared Kushner, l’homme qui dînait avec Netanyahou dès son adolescence, a investi dans plus de deals avec Tel-Aviv que dans la paix. Ce n’est pas un lien diplomatique, c’est une joint-venture familiale.
    Le lobby pro-israélien (AIPAC et ses avatars) a financé les campagnes, soufflé les lois, dicté les lignes rouges.
  2. Il est faux de croire que Trump soutient Israël uniquement par affinité idéologique ou religieuse. Il s’agit d’une convergence d’intérêts stratégiques, financiers et électoraux.

Ce que les discours officiels ne disent pas :

Jared Kushner, gendre de Donald Trump, est directement impliqué dans plusieurs projets économiques au Moyen-Orient. Ses relations avec les milieux d’affaires israéliens et ceux du Golfe ne datent pas d’hier. Depuis des années, il entretient des liens étroits avec des investisseurs, des fonds souverains et des hauts responsables de la région.

Des groupes de pression pro-israéliens, notamment l’AIPAC, ont soutenu activement la campagne de Trump, parfois de manière directe, parfois via des relais plus discrets. Ce soutien s’est accompagné d’un alignement inédit entre les intérêts stratégiques de Washington, de Tel-Aviv et des monarchies du Golfe, dans une dynamique structurée autour de la lutte contre l’Iran.

Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont ainsi embrassé la « doctrine Trump » au Moyen-Orient : contenir l’Iran à tout prix, ouvrir des coopérations sécuritaires avec Israël et garantir, en retour, un flux constant d’investissements et de contrats militaires. Ces échanges dépassent largement les simples déclarations diplomatiques. On parle de centaines de milliards de dollars injectés dans les secteurs de l’énergie, de la défense et de la technologie.

Ce rapprochement géopolitique n’a rien d’un élan de conviction idéologique. Le soutien de Trump à Israël ne relève ni de la morale ni de la tradition diplomatique américaine : il répond à une logique de pouvoir, où Israël agit comme point d’ancrage pour le contrôle énergétique et sécuritaire de la région. Ce contrôle ne bénéficie ni à la stabilité régionale, ni aux populations locales, ni même aux citoyens américains ordinaires. Il sert les intérêts d’un complexe politico-financier organisé autour de l’extraction de ressources, de la projection militaire et des marchés d’armement.

Dans ce cadre, l’Iran fait figure de perturbateur. Depuis plusieurs années, Téhéran cherche à échapper à l’hégémonie du dollar en vendant son pétrole en yuan, en roubles ou en euros. Il a signé des partenariats énergétiques avec la Chine, la Russie, et l’Inde. Ces initiatives sont perçues à Washington comme des menaces existentielles, non seulement pour l’ordre énergétique mondial, mais aussi pour la suprématie du dollar.

La frappe contre l’Iran, présentée comme une opération militaire ciblée, s’apparente en réalité à un message économique. Ce n’est pas une action défensive, c’est un avertissement stratégique : quitter le système monétaire international dominé par les États-Unis expose à des représailles. Autrement dit : « Restez dans le jeu, ou payez-en le prix. »

Dans cette logique, la guerre devient un produit d’exportation. En 2024, les États-Unis ont vendu plus de 200 milliards de dollars d’armements à leurs alliés du Moyen-Orient. Une paix durable mettrait en péril cette source de revenus colossale. En revanche, un état de tension permanent, sans guerre totale ni résolution diplomatique, permet de justifier une présence militaire constante, d’alimenter les budgets de défense, et de maintenir sous pression les acheteurs d’armes.

Le dispositif militaire américain dans la région parle de lui-même : bases en Irak, en Afghanistan, au Qatar, à Bahreïn, aux Émirats, en Syrie. Ce ne sont pas des partenaires au sens classique, ce sont des plateformes de projection. L’encerclement de l’Iran n’est pas accidentel. C’est une architecture d’endiguement.

Les objectifs sont clairs : maintenir la domination du dollar dans les échanges énergétiques, protéger Israël en affaiblissant ses rivaux, sécuriser des débouchés pour l’industrie de défense. Cette stratégie, forgée dès les années 2000 dans le sillage de la doctrine Cheney-Rumsfeld, ne vise plus à gagner les guerres, mais à entretenir un désordre stable, suffisamment contrôlé pour justifier l’action, suffisamment instable pour éviter tout retour à la normalité.

Cette politique de déséquilibre a des conséquences bien au-delà du Moyen-Orient. L’Iran, situé au carrefour énergétique entre l’Asie centrale, la mer Caspienne, le Golfe et le sous-continent indien, est également un point d’appui stratégique pour la Chine et ses ambitions commerciales via la “Nouvelle Route de la Soie”. Le neutraliser, c’est envoyer un signal clair à Pékin : l’expansion vers l’ouest sera entravée. C’est aussi compliquer toute tentative européenne de diversification énergétique hors du giron américain ou russe.

Sous couvert de stabilité, la politique étrangère américaine produit des tensions à haut risque. Une attaque contre l’Iran peut déstabiliser tout le Golfe, faire flamber les prix mondiaux de l’énergie, provoquer des cyberattaques contre des infrastructures occidentales, ou encore nourrir de nouvelles vagues de radicalisation dans les banlieues européennes.

Le Liban, l’Irak, voire la Jordanie risquent à nouveau de devenir les terrains d’affrontements indirects entre puissances régionales et internationales. Le monde est assis sur un baril de poudre, et les failles sont déjà ouvertes.

Cette guerre n’est pas celle des peuples. Elle n’est pas menée au nom du droit, de la paix ou de la sécurité. Elle est décidée par des élites qui parlent de stabilité mais recherchent l’influence, qui évoquent la paix mais vendent la guerre.

La rhétorique humanitaire sert de paravent. On invoque la menace nucléaire iranienne, tout en livrant des armes de pointe à l’Arabie saoudite. On fustige les ayatollahs, mais on traite les émirs en alliés modèles. La morale à géométrie variable devient la règle : on choisit ses ennemis et ses indignations à la carte.

Au bout du compte, ce sont toujours les mêmes qui paient : les civils, les enfants, les populations sans voix. Ceux que les caméras n’éclairent que lorsqu’il est trop tard.

Donald Trump n’a pas déclenché cette guerre pour des raisons de sécurité nationale. Il l’a fait pour préserver un système où la guerre est un marché, une opportunité. Il n’a pas cherché à imposer la paix, mais à sécuriser sa part du gâteau.

Et pendant que les experts s’affrontent sur les plateaux télé, pendant que les généraux s’affichent en uniforme et que les diplomates jonglent avec les euphémismes, les bombes tombent, et les slogans couvrent les cris.

Quand le pouvoir chérit trop la guerre, c’est toujours le peuple qui paie pour ses profits.

Mais il ne faut pas se méprendre : tout cela est terriblement dangereux.

L’Iran n’est pas un simple épouvantail. S’il riposte, ce ne sera pas par une frappe unique. Ce sera une guerre asymétrique, éclatée, prolongée. Des cyberattaques sur des réseaux électriques européens. Des navires bloqués dans le détroit d’Ormuz. Des cellules dormantes activées à Beyrouth, Bagdad, Paris. Ce ne sera pas spectaculaire. Ce sera insidieux. Et durable.

Israël répondra. Il le fait toujours. Mais plus il frappe fort, plus le Hamas se nourrit de ruines. Plus il démolit Gaza, plus il construit des ennemis. Le cycle est parfait, car il est absurde. La force ne protège plus, elle provoque. La paix n’est plus une fin, elle est un mirage.

Et l’Europe, spectatrice impuissante, n’est plus qu’une salle d’attente entre deux crises. Elle multiplie les déclarations creuses, enchaîne les appels à la retenue, croit encore que la diplomatie peut suffire là où la guerre est devenue structurelle. Mais le monde n’attend plus l’avis de Bruxelles. Il attend le prochain tir.

Ce conflit n’est pas une erreur. C’est un choix. Ce n’est pas une réaction. C’est une stratégie. Saboter l’Iran, c’est affaiblir la Chine, punir la Russie, avertir l’Europe. C’est une frappe contre un pays, mais un message au reste du monde : « Le désordre, c’est nous qui le régulons. »

L’Iran menace. Oui. Le Hamas tue. Oui. Mais ce ne sont pas des monstres sortis d’un conte. Ce sont les fruits amers d’une géopolitique hypocrite, d’un monde construit sur deux poids, deux mesures, sur des sanctions à géométrie variable, sur des alliances avec des bourreaux et des bombes offertes à des dictateurs.

Et maintenant ? Le monde en joue de domino! La question n’est plus “Pourquoi”? Mais “Jusqu’où”!! :

  • L’Iran ripostera. Par ses alliés chiites, ses hackers, ses services secrets. Silencieusement ou spectaculairement.
  • Israël répondra, et derrière lui, les États-Unis. Encore.
  • La Chine et la Russie observeront, ajusteront leurs pions. Peut-être même riront un peu.
  • Et l’Europe ? Elle appellera à la retenue. Comme toujours.
    Le continent de Voltaire s’est transformé en salle d’attente entre deux réunions de l’OTAN.

La géopolitique n’est jamais faite de coïncidences. Elle repose sur des intérêts,  économiques, militaires, idéologiques,  masqués par des discours publics souvent trompeurs. Plongeons ici dans une analyse réaliste, sans filtre, appuyée sur des faits documentés, en allant au-delà de la communication officielle.

Et pendant que les experts parlent sur CNN, pendant que Trump prépare ses meetings, pendant que Macron tweete sa prudence, des enfants meurent sans comprendre ce qu’est une frontière, ce qu’est une religion, ce qu’est une alliance stratégique.

La guerre n’est plus un affrontement entre nations. C’est un jeu entre élites. Un business plan en terrain miné. Et les peuples, eux, ne sont ni coupables, ni protégés. Ils sont, comme toujours, les dommages collatéraux de la grandeur.

Il ne s’agit plus de savoir qui a frappé le premier. Il s’agit de comprendre pourquoi certains n’arrêtent jamais.

Le Pentagone a salué la « surprise tactique » des frappes iraniennes, dans une démonstration de langage orwellien appliqué à la guerre. Le président Trump, quant à lui, a déclaré que les frappes américaines sur trois sites nucléaires iraniens avaient été “un succès spectaculaire” et a averti Téhéran que d’autres pourraient suivre comme on annonce une saison 2 sur Netflix.

« Opération Midnight Hammer » : un nom de film de série B, pour une réalité bien réelle. Des explosions, des ruines, des morts, mais avec branding et effets spéciaux.

Le scénario est rodé. Une menace « existentielle », une réponse « ciblée », un discours « solennel ». Puis les cours du pétrole grimpent, les contrats d’armement pleuvent, et les talk-shows applaudissent. Rideau.

La guerre n’est plus un affrontement entre nations. C’est un jeu entre élites. Un business plan en terrain miné. Et les peuples, eux, ne sont ni coupables, ni protégés. Ils sont, comme toujours, les dommages collatéraux de la grandeur.

Mais qu’importe : tant qu’il reste des drapeaux à agiter, des slogans à tweeter, et des marchés à conquérir, la paix peut bien attendre.

Dans ce théâtre, tout le monde joue son rôle. Sauf les morts, eux, qui ne jouent plus.

 

Le Pentagone révèle la surprise tactique des frappes iraniennes : « Opération Midnight Hammer »

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