Jupiter joue au funambule

Jupiter joue au funambule

La scène politique française ressemble aujourd’hui à un théâtre crépusculaire. Les sièges grincent, la lumière vacille, le rideau tremble. Au centre, Emmanuel Macron, alias Jupiter, non plus en dieu de l’Olympe, mais en directeur de troupe d’une comédie administrative, jonglant avec des ministres comme un magicien distrait renverse ses cartes.
Sébastien Lecornu, nommé, démissionnaire, puis renommé Premier ministre, incarne à lui seul ce moment où la raison abdique. Un Premier ministre qui tombe pour mieux remonter, comme un yo-yo institutionnel parfaitement inutile. On croyait que la République était une chose grave ; elle est devenue un décor de Guignol avec attaché de presse.
Certains y voient de l’amateurisme. C’est trop simple. On ne joue pas deux fois la même carte par accident, surtout lorsqu’on règne sur l’Élysée avec la froideur d’un banquier d’investissement.
Macron ne gouverne plus pour convaincre mais pour épuiser. Épuiser ses adversaires, épuiser le Parlement, épuiser la rue… et finir par imposer l’idée suivante : « Après moi, c’est le chaos. Donc restez avec mon chaos, il est plus présentable. »
Ainsi se dessine une stratégie étrange, digne des traités de Machiavel: “Provoquer l’instabilité pour apparaître comme le seul capable de la contenir”.
Pendant que les Français oscillent entre colère et résignation, les marchés financiers observent, tels des vautours élégants en costards trois pièces. Le rendement de l’OAT 10 ans flirte autour des 3,5 %, avec des sursauts dès que la politique française ressemble trop à un sketch.
Chaque motion de censure fait grimacer les investisseurs. Chaque remaniement improvisé fait frissonner les spread OAT/Bund comme une corde de violon trop tendue.
La dette française ? Une tragédie en cinq actes, avec chœur bancaire et lamentations obligataires.
Selon les données publiques, le déficit 2026 pourrait se stabiliser entre 4,7 et 5 % du PIB, à condition que la majorité ne s’évapore pas d’ici là comme un parfum de République dans les couloirs de Bruxelles.
En clair:
– Les erreurs politiques, ou l’esthétique du surréalisme exécutif:
Nommer un Premier ministre, le laisser démissionner, puis replanter exactement le même visage à Matignon, voilà qui mériterait une place dans un musée du surréalisme politique, entre un tableau de Magritte et un éditorial du journal officiel.
Macron agit comme un joueur d’échecs qui renverse l’échiquier à chaque coup, persuadé que le simple acte de recommencer le jeu le maintient au centre. Il ne construit plus, il maintient en état de tension permanente, façon thérapeute de crise institutionnelle improvisé.
– 2026 : la France face au verdict des chiffres
Scénario réaliste :
• Dette : qui continue de grimper sous l’effet des taux plus élevés.
• Marchés : qui exigeront une prime de risque plus salée, surtout si Paris continue à jouer à la marionnette instable.
• Budget : 4,7 % de déficit annoncé, mais fragile comme un château de cartes en plein courant d’air politique.
• Industrie de défense et services publics : sous pression budgétaire accrue, car l’argent ira d’abord payer les intérêts aux marchés, les nouveaux créanciers de la République instable.
– Pourquoi fait-il tout cela ?
Macron fabrique l’instabilité pour rester indispensable, se posant comme le seul digue face au pire. Une stratégie qui ne vise pas l’amour des Français, mais l’adhésion résignée des élites financières et européennes.
Emmanuel Macron, ne pouvant plus se représenter, il prépare l’après, ce moment où il quittera l’Élysée non pas en président battu, mais en consultant international, applaudi dans les forums mondiaux pour avoir tenu “la ligne de l’ordre” en Europe, pendant que la France soldait ses biens au profit des marchés.
Ainsi va la République : gouvernée par un président qui ne cherche plus à plaire, mais à meubler l’Histoire , quitte à laisser la facture au peuple et les intérêts aux marchés.
Pour beaucoup de Français qui se demandent Pourquoi Sébastien Lecornu a-t-il démissionné ?
Voilà la réponse: On parlera d’« arbitrages internes », de « recomposition gouvernementale », de « nécessité de cohérence pour le nouveau cap budgétaire ». En clair : “on ne dit rien”!.
1. Le Budget 2026 est un champ de mines
• Le projet budgétaire prévoit un déficit autour de 4,7–5 % du PIB, alors que Bruxelles et les marchés exigent une trajectoire de rigueur.
• Lecornu a compris que le budget à venir impliquerait des coupes très impopulaires : services publics, collectivités locales, dépenses sociales, peut-être même armée.
• Impossible de faire avaler cela à l’Assemblée dans un climat déjà explosif.
• Il ne voulait pas devenir le “Premier ministre qui matraque le pays” au moment où les sondages sont en chute libre et où les marchés obligataires commencent à se tendre. Il a vu le piège. Porter un budget impopulaire devant un Parlement instable = suicide politique. Il a préféré sauter avant l’impact.
2. Lecornu a flairé le chaos parlementaire
• Avec un Parlement fragmenté, faire passer un budget explosif devient quasi impossible sans recourir au 49.3, encore et encore.
• Or chaque 49.3 en période de tension financière = un signal de panique envoyé aux marchés.
Les investisseurs détestent les gouvernements qui imposent des budgets sans majorité claire.
• Lecornu a senti que Matignon devenait un siège éjectable, un rôle de fusible.
En clair : il ne voulait pas servir de parapluie humain entre Macron et la colère populaire/marchés.
3. Un climat de “fin de régime”
• Autour de Macron, les ministres sentent que l’autorité présidentielle ne protège plus.
Quand Jupiter vacille, personne ne veut mourir avec lui sur l’autel du budget.
• Lecornu a donc joué une carte de survie politique : se retirer brièvement… puis revenir, mais en position de “sauveur de continuité”, pas en simple exécutant du budget.
Sa démission suivie d’un rappel n’est pas incohérente : c’est un mouvement stratégique.
Il a refusé de porter le budget en mode kamikaze, puis a laissé Macron se brûler publiquement, avant de revenir avec une négociation de conditions de pouvoir renforcées (influence sur arbitrages, posture plus forte face à Bercy).
Lecornu n’a pas démissionné par caprice, mais par calcul. Il a senti que le budget 2026 serait une bombe politique et financière. Il a refusé d’appuyer personnellement sur le détonateur. Puis il est revenu non pas comme exécutant, mais comme homme placé entre Macron et le Parlement, pour ne pas finir carbonisé au même titre que le président.
Lecornu a vu qu’on allait lui demander de porter un budget politiquement explosif dans un Parlement fracturé et sur des marchés nerveux, il a choisi de ne pas être le fusible.
Points clés :
• Le budget 2026 vise à réduire un déficit élevé (objectif rapproché de ~4.7% du PIB), mais l’Assemblée est fragmentée après des élections et la marge d’acceptation est étroite. Pousser des coupes ou des réformes par la force (article 49.3) aurait été politiquement brutal et envoyé un signal négatif aux marchés.
• Lecornu a senti le risque réputationnel : être le Premier ministre qui impose des coupes douloureuses et déclenche une crise sociale et financière. Se retirer temporairement lui donne un espace pour renégocier ses conditions (influence sur arbitrages budgétaires, composition du cabinet, posture face au Parlement).
• Le climat politique (motions de censure annoncées, coalition fragile) transforme la fonction de PM en « siège éjectable ». Dans ce contexte, mieux vaut ne pas être celui qui brûle ses chances politiques et sa crédibilité personnelle.
2) Les éléments du budget 2026 qui l’ont effrayé ; quels postes sont sur la sellette
D’après annonces publiques et fuites de presse, ces postes sont les plus sensibles :
1. Santé, Coupes annoncées de l’ordre de ~€5 milliards (élément repris dans les documents et presse). Coupes dans la santé sont toujours fortement contestées politiquement.
2. Réductions d’efforts sociaux et maîtrise des dépenses courantes , dispositifs sociaux et transferts aux collectivités ciblés pour trouver plusieurs dizaines de milliards. Toute réduction ici provoque colère et manifestations.
3. Réformes des retraites / pensions, la question reste explosive (âge de départ, paramétrage). Rouvrir ou durcir la réforme alimente l’opposition et la rue.
4. Dépenses de l’État (fonctionnement et investissements), arbitrages potentiels sur investissements, collectivités, et aides ciblées.
5. Défense , paradoxalement un poste politiquement sensible mais que le gouvernement veut parfois sanctuariser ; certains signaux publics annoncent des engagements (ex. dépenses additionnelles) qui compliquent l’arbitrage.
Lecornu a vu que pour atteindre l’objectif nominal de déficit, il faudrait imposer des coupes impopulaires, difficiles à voter ; et il a estimé que porter ce coût personnellement le rendrait politiquement intenable.
3) Impact financier d’un choc obligataire (chiffres concrets, calculs transparents)
Données de base publiques utilisées :
• Stock de dette publique ≈ €3.346 trillions (valeur récente publique).
Calcul (explicite) :
• Dette = €3,346,000,000,000.
• Si taux moyen augmente de 50 points de base (0,50%) → supplément annuel ≈ 0.005 × 3,346,000,000,000 = €16.73 milliards par an.
• Si taux moyen augmente de 100 points de base (1,00%) → supplément annuel ≈ 0.01 × 3,346,000,000,000 = €33.46 milliards par an.
Conséquence budgétaire pratique : +€16–34 milliards/an, c’est l’équivalent de plusieurs points de déficit public ou d’augmentations d’impôts majeures / coupes structurelles. On parle d’un choc sur la marge budgétaire comparable à l’effort fiscal de plusieurs années. Les agences de notation et la Commission européenne surveillent ces dynamiques.
4) Que feraient les marchés si Lecornu échoue à faire passer le budget ?
Probabilité plausible d’événements et effets immédiats (OSINT / réactions marché récentes) :
• Réaction immédiate : hausse du rendement OAT 10y (déjà autour de ~3.4–3.6% lors des pics), élargissement du spread OAT/Bund (observé autour de ~80–85 pb récemment). CAC40 chute sectorielle (banques, assurances, utilities vulnérables).
• Si blocage prolongé (semaine(s)) : OAT 10y pourrait remonter de 30–120 pb selon intensité; CDS France pourrait dépasser 60–80 pb dans un mouvement de stress (actuel ≈ 40 pb). Cela amplifie le surcoût du service de la dette et peut activer des réponses politiques/techniques (arrêts budgétaires temporaires, recours à lois spéciales).
• Si crise aiguë : réaction systémique en Europe (contagion taux/petites banques exposées). BCE/instances européennes pourraient devoir intervenir pour calmer la liquidité souveraine.
Indicateurs à suivre en temps réel :
• OAT 10y yield (niveau et pente), spread OAT/Bund, CDS France 5y, volumes étrangers sur obligations françaises, évolution CAC40 et indices bancaires, communiqués agences de notation (S&P, Moody’s, Fitch).
5) Raisons politiques / intérêts de Macron : pourquoi maintenir ce jeu risqué ?
Synthèse, fondée sur analyses publiques et logique politique :
1. Rester “indispensable” : créer un récit où, malgré le chaos, l’exécutif est le seul à pouvoir éviter le pire. En d’autres termes, gouverner par instabilité contrôlée pour forcer les acteurs (élites économiques, UE) à choisir « stabilité relative » plutôt que changement radical.
2. Protéger un héritage / réformes : Macron a mis en place des réformes (pensions, compétitivité) qu’il veut ancrer ; laisser la main à une alternance incertaine risquerait de les annuler. Mieux vaut donc pousser coûte que coûte l’agenda budgétaire, quitte à susciter des remous, pour qu’une partie des mesures survive.
3. Préparer l’après-mandat : s’il suspecte qu’un nouveau mandat n’est pas possible politiquement, il peut chercher à partir en ayant « tenu la ligne » ou en ayant réglé certains dossiers stratégiques ; quitte à sacrifier la popularité. C’est une lecture qui apparaît dans plusieurs analyses politiques contemporaines.
4. Calcul d’élites et marchés : si les marchés et Bruxelles estiment que la France doit poursuivre une trajectoire de réduction du déficit, Macron peut compter sur la convergence d’intérêts avec ces acteurs et jouer la carte du compromis avec eux plutôt qu’avec la rue. Cela peut expliquer l’apparente collusion de fait (pas une conspiration) entre décisions gouvernementales et attentes du marché.
6) Synthèse finale, trajectoire 2026 (prévisionnel condensé)
• Meilleure issue (stabilisation) : budget 2026 voté avec concessions → OAT stabilise ≈ 3.3–3.8%, spread < 70 pb, déficit se situe vers 4.7–5.0% (France évite choc immédiat). Probabilité aujourd’hui : plausible mais fragile.
• Issue intermédiaire (blocage / austérité différée) : budget retardé/loi spéciale, tensions prolongées → OAT remonte 40–100 pb, spread 80–120 pb, coût additionnel du service de la dette ≈ €17–33 bn/an si hausse durable; politiques d’austérité ou hausses d’impôts inévitables.
• Pire issue (crise aiguë) : fuite des capitaux + réaction en chaîne → besoin d’interventions BCE/UE, risque de contagion régionale. Probabilité plus faible mais à haut impact.
7) Recommandations opérationnelles (qui fait quoi maintenant)
• Pour Lecornu / exécutif : publier un plan budgétaire chiffré, calendrier clair, mesures temporaires et feuille de route de réforme pour rassurer marchés et parlementaires.
• Pour observateurs / citoyens : suivre OAT 10y, OAT/Bund, CDS France, communiqués BCE/agences.
• Pour investisseurs : hedger exposition souveraine si risque perçu; surveiller banques françaises et couverture des établissements exposés à la dette souveraine.
© Aurélie Luylier – Actunew

Articles Similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Consultez toute l’actualité en France et dans le monde sur Actunew, suivez les informations en temps réel et accédez à nos analyses, débats et dossiers.

Jupiter joue au funambule

  • octobre 14, 2025
  • 495 views
Jupiter joue au funambule

Incendie aux Pennes-Mirabeau : quelles causes, quels enjeux et quelles leçons tirer ?

  • juillet 9, 2025
  • 1002 views
Incendie aux Pennes-Mirabeau : quelles causes, quels enjeux et quelles leçons tirer ?

Dominique de Villepin, le Retour avec « La France humaniste » pour 2027

  • juillet 3, 2025
  • 990 views
Dominique de Villepin, le Retour avec « La France humaniste » pour 2027

Rachida Dati et Elisabeth Borne lancent les États généraux de la lecture jeunesse

  • juillet 3, 2025
  • 980 views
Rachida Dati et Elisabeth Borne lancent les États généraux de la lecture jeunesse

“Don’t Make Me Think”, la civilisation du scroll, ou l’ultime chef-d’œuvre de la pensée humaine.

  • juillet 3, 2025
  • 890 views
“Don’t Make Me Think”, la civilisation du scroll, ou l’ultime chef-d’œuvre de la pensée humaine.

LinkedIn accusé d’avoir partagé des messages privés pour entraîner son intelligence artificielle

  • juillet 3, 2025
  • 1895 views
LinkedIn accusé d’avoir partagé des messages privés pour entraîner son intelligence artificielle

France – Économie : Des ajustements budgétaires marqués au 1er juillet 2025

  • juillet 1, 2025
  • 1943 views
France – Économie : Des ajustements budgétaires marqués au 1er juillet 2025

Trump annonce que les principaux sites nucléaires iraniens ont été « anéantis » par les frappes aériennes américaines

  • juin 29, 2025
  • 2093 views
Trump annonce que les principaux sites nucléaires iraniens ont été « anéantis » par les frappes aériennes américaines

Zelensky accuse Moscou d’avoir restitué des corps russes déguisés en soldats ukrainiens

  • juin 29, 2025
  • 2076 views
Zelensky accuse Moscou d’avoir restitué des corps russes déguisés en soldats ukrainiens

Aya Nakamura entre au musée Grévin : une reconnaissance symbolique pour une icône de la pop francophone

  • juin 29, 2025
  • 1239 views
Aya Nakamura entre au musée Grévin : une reconnaissance symbolique pour une icône de la pop francophone